Une aventure de poche #1 : 100 km à pied, d’une traite

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Alors voilà, nous l’avons fait… 100 km — 109 km, de porte à porte —, couverts à pied en marchant une journée et une nuit d’affilée, à la faveur d’une météo enfin souriante après des semaines de grisaille mouillée.
Départ hier à 8 h 30 du centre de Bordeaux, Garonne longée vers le sud avant d’enfiler une ancienne voie ferrée, intelligemment convertie en piste cyclable (la piste Roger Lapébie) qui taille sa route au milieu des champs, puis des vignes sans croiser d’automobiles.

Le principe était simple : atteindre 50 km et rebrousser chemin. Bien sûr, ça n’a pas marché comme prévu. Nous pensions fêter ce demi-tour dans un restaurant à Sauveterre-de-Guyenne. J’avais repéré les rares cantines de ce petit village vinicole. Mais, quand nous avons approché notre destination, il était près de 23 h et il faisait nuit noire, plus question de nous attabler. Nous avons persévéré un moment, implorant Trip Advisor et autre Yelp! de nous fournir une adresse de rechange — peine perdue, dans cette rase campagne. / /

Alors, notre dîner consista en restes du pique-nique du midi, avalés couchés en travers de la piste cyclable, en contemplant un magnifique ciel étoilé. Là commence notre petite aventure : marcher toute la nuit à la lueur de nos lampes frontales (merci au paysan ukrainien qui a perdu la sienne sur un chemin, et me l’a ainsi léguée), malgré des températures peu avenantes (5 degrés au plus froid de la nuit), des hiboux tapageurs et le sommeil qui mordait nos talons.

J’ai appris à dormir debout quelques secondes, les paupières closes, sans cesser de mouvoir mes jambes ; j’ai bu un demi-litre de café, d’une tiédeur miraculeuse dans cette nuit boréale ; j’ai esquissé quelques pas de danse sur « Flash Light » de Parliament, au 67et et au 79e kilomètre ; je me suis assis de longues minutes, les yeux au ciel, pour compléter ma collection d’étoiles filantes hors-saison, et leur confier mes vœux de rentrée ; j’ai été victime de quelques hallucinations de fatigue — un panneau « cédez le passage » devenu la fenêtre aux rideaux tirés d’une mystérieuse cabane forestière, un autre écriteau flottant au-dessus du pré…
C’était intense par moments, presque mystique.

L’aube nous trouva à 24 km encore de notre destination, soit la longueur moyenne de mes tours de villes à pied. Nous ne saurons trop remercier la petite buvette de Lignan-de-Bordeaux d’ouvrir de si bon matin.
C’est à présent l’heure du repos… Merci de vos messages tout au long de cette journée, de vos témoignages de soutien et même parfois d’amour (la compagne de Jeremy assurait une veille dévouée !)
Nous méditons déjà une prochaine aventure…

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